Article Le Quotidien " Les nuisibles, des fléaux qui envahissent nos maisons"

Avec sept à huit interventions quotidiennes, Patrick Sauvain ne chôme pas. Actif depuis dix ans au sein de son entreprise Sauvain Désinfection, le titulaire du brevet fédéral de désinfestateur observe une augmentation des interventions entre 5% et 10% depuis ses débuts. Une hausse qu’il estime liée au dérèglement climatique, favorisant la prolifération de certaines espèces. Le champ d’intervention est vaste. Cafards, fourmis, rats, guêpes ne manquent pas d’envahir les maisons. «Il n’y a pas de nuisibles ciblés dans le Jura, tout dépend des saisons et des endroits», affirme le Delémontain.

Dans les espèces les plus craintes, les blattes, qui ne sont autres que des cafards, sont sans conteste en tête. Très fréquemment rencontrées dans les boulangeries, les boucheries, les hôtels, les restaurants et les caves, les blattes germaniques se trouvent dans des endroits chauds et humides comme les vides sanitaires. La manière d’intervenir dépend du type de blattes. Il faut s'armer de patience et compter quinze longs mois pour se débarrasser complètement de la colonie.

«Les grands immeubles sont plus problématiques. Dans certaines situations, l’intervention doit se faire sur toute la rue», signale Patrick Sauvain. Fort heureusement, des solutions existent, permettant de vivre dans la maison durant le traitement. «Un gel est appliqué en différents endroits, comme sous l’évier, pour éviter que le produit soit en contact avec les enfants», explique-t-il. Les blattes infectées retournent ensuite dans le nid et contaminent leurs congénères avant de mourir. «Se débarrasser de 80% des blattes est relativement facile. Pour les 20% restants, c’est plus complexe. Il est essentiel de retirer toute la colonie pour éviter les récidives», souligne le sexagénaire. En moyenne, Patrick Sauvain et Valentin Lehmann, qui travaillent tous deux à 100%, totalisent entre 300 à 400 interventions par mois.

Le chef d’entreprise est catégorique, aucune situation n’est identique. Un point essentiel pour Patrick Sauvain: «Il n’y a pas de routine! Le quotidien est extrêmement varié.» L’une des difficultés est de trouver le point de passage des nuisibles. «Ce métier requiert un important sens de l’observation et demande d’être méticuleux», raconte-t il. Des qualités qui ne font pas défaut à l’homme qui pratique la chasse et sait dès lors débusquer le gibier.

Les solutions sont en constante évolution. Dans le cas d’une invasion de souris, le désinfestateur utilise des boîtes spécifiques, un procédé bien moins violent pour l’animal que la mort-aux-rats. Les nouvelles technologies sont également utilisées, à l’instar du drone. Face à la forte présence de pigeons en ville de Delémont, Patrick Sauvain a réalisé des vols pour définir la localisation des nids. Lors d’apparition de spécimen non désirés, il n’y a donc pas de solutions toutes faites, mais il est essentiel d’avoir recours à des spécialistes, afin d’éviter toute propagation.

«On craint une grosse recrudescence de punaises de lit en raison de l’organisation de l’Eurovision à Bâle», alerte Patrick Sauvain. D’après des estimations de ses confrères, une hausse de 3% à 5% de punaises de lit est attendue en raison d’un important mouvement de personnes. En effet, la mobilité accrue, les voyages fréquents avec des nuits passées à l’extérieur et le trafic international de marchandises et de personnes favorisent la propagation de ces nuisibles. Visibles à l’œil nu, les punaises de lit sont de petits insectes de la taille d’un pépin de pomme qui se cachent le plus souvent sous les matelas et sur les sommiers. Quelques mesures préventives peuvent être réalisées pour réduire les risques. L’expert conseille de mettre toutes les affaires dans un sac scellé avant de rentrer chez soi et de le vider directement dans la machine à laver. Tous les vêtements et les articles textiles, qu’ils aient été portés ou non, doivent être lavés à 60 degrés. «Tout ce qui n’est pas lavable peut être placé 72 h dans un congélateur», détaille Patrick Sauvain. Il est recommandé d’appliquer un insecticide anti-cafards sur les sacs, afin que ces voyageurs clandestins ne causent pas d’autres désagréments.

Article paru dans Le Quotidien Jurassien le 8 novembre 2024.

Autrice : Lauranne Pasquino

©. Cet article est reproduit avec l’autorisation des Editions D+P SA, société éditrice du Quotidien Jurassien.