Damphreux-Lugnez
Suite à plusieurs remarques de citoyens, les autorités de Damphreux-Lugnez ont décidé de dératiser les berges de la Cœuvatte. Les communes d’Alle et Delémont ont aussi été confrontées à une recrudescence de surmulots, stimulée par le réchauffement climatique. Explications.
"Le réchauffement climatique a également un impact sur l’arrivée d’autres nuisibles."
"Il y a eu pas mal de réclamations et le Conseil communal a souhaité agir par sécurité pour éviter que cette population de rats continue d’augmenter et commence à envahir les maisons", explique Michel Henry, maire de Damphreux-Lugnez. S’il y a depuis longtemps des surmulots vivants sur les berges de rivières jurassiennes, ces rongeurs ont commencé à pulluler depuis quelques années.
Six ratons naissent tous les trois mois
«C’est à cause du réchauffement climatique, il n’y a plus d’hiver et les rats continuent d’avoir des petits, alors qu’ils devraient vivre au ralenti», observe Patrick Sauvain, de Sauvain Désinfection. Il souligne que les rates ont en moyenne une portée de six jeunes tous les trois mois.
Si les conditions climatiques sont propices, les populations peuvent se développer de manière exponentielle. «On rencontre les mêmes problèmes au bord du lac de Neuchâtel et du Léman», précise le désinfestateur, soulignant qu’il s’agit de surmulots ou rats d’égout (Ratus norvegicus), venus d’Asie au XVIe siècle, ayant aujourd’hui supplanté le rat noir (Ratus ratus), apprécié par certains comme animal de compagnie.
Plus généralement, Patrick Sauvain note que le réchauffement a également un impact sur l’arrivée d’autres nuisibles, comme le frelon asiatique, ou la prolifération de certaines espèces, comme les mouches.
«Au printemps et à l’automne, tous nos après-midi sont consacrés à désinfecter des lieux envahis de mouches», continue le seul dératiseur du canton.
Quarante boîtes noires
Patrick Sauvain et son collaborateur Valentin Lehmann ont posé depuis le mois dernier une quarantaine de boîtes noires contenant des appâts, à chaque fois signalées par un piquet jaune, le long de la berge de la Cœuvatte, à partir de Sous la Côte à Damphreux et jusqu’à la sortie de Lugnez.
«Nous passerons ensuite tous les mois pour voir si les appâts empoisonnés ont été rongés et dans quelle proportion», poursuit le désinfestateur qui utilise un rodenticide, ou raticide, rendant ses victimes hémophiles. «Si le rat se blesse ou se tape, il meurt dans les cinq heures. Cela permet d’éviter que ces petits animaux fassent le lien entre les pièges et les décès», détaille Patrick Sauvain, avant de poursuivre: «le rongeur meurt en s’endormant. C’est moins cruel que la mort-aux-rats qui attaque le système nerveux et que les surmulots apprennent rapidement à éviter.»
Information nécessaire
Il assure que, contenu dans une boîte très solide, le rodenticide ne risque pas de poser de problèmes à d’autres espèces. Il insiste sur l’importance de donner une bonne information à la population et aux usagers des berges. Si, par le passé, la présence de rats dérangeait peu la population, les mentalités ont évolué et Patrick Sauvain pense que, le réchauffement climatique aidant, il devrait à l’avenir être appelé plus souvent pour réduire des populations de rats le long des rivières du canton.
THIERRY BÉDAT
Article publié le 5 mai 2024 dans le Quotidien Jurassien