Mandatés pour répertorier les nids dans la vieille ville, Patrick Sauvain et Valentin Lehmann utilisent un drone depuis ce matin.
D’ordinaire, le désinfestateur Patrick Sauvain combat des chenilles, des frelons, des termites ou même des mouches, mais depuis ce matin, il remplit une mission plus pacifique avec son beau-fils équipé d’un drone: les deux hommes recensent les pigeons dans la vieille ville de Delémont.
«On n’est pas à la chasse aux pigeons! Notre travail consiste à répertorier les nids», insistent Patrick Sauvain et Valentin Lehmann. Le mandat qui lui prendra deux jours leur a été confié par la Municipalité de Delémont, laquelle «souhaite savoir où les pigeons locaux se nichent pour lutter contre leur prolifération», en partenariat avec les propriétaires.
Mieux cibler
Le survol des toits permet de repérer les cachettes. Les données récoltées «seront une source d’informations très précieuses pour préciser la situation actuelle et, ultérieurement, l’évolution de la population des pigeons», ont précisé les autorités de la capitale jurassienne Il s’agit pour elles de «mieux cibler les actions».
«Outre les salissures et le bruit, les pigeons véhiculent et produisent, par leurs fientes, des particules volatiles nuisibles pour la santé», selon les autorités. «Les aînés qui les nourrissent l’ignorent, mais un pigeon gavé pond deux fois plus, de même quand il est stressé», explique Patrick Sauvain. Selon ce spécialiste, «la force du pigeon, c’est sa ponte», avec jusqu’à 36 œufs par trimestre.
Bonne santé
L’automne dernier à Berne, le parc zoologique «Tierpark» a fait appel à des volontaires munis de jumelles pour recenser les pigeons. Ce décompte avait pour but de vérifier l’efficacité des mesures prises pour limiter les effectifs, mais aussi de s’assurer que la population de pigeons est en bonne santé. «Avec cette méthode, on n’aurait pas vu l’affaissement d’un toit», commente Patrick Sauvain.
À Berne, le concept repose sur le baguage des pigeons et l’implantation de puces électroniques, l’installation de pigeonniers, la vaccination et la stérilisation. Les pigeonniers sont accessibles comme une chatière, avec un contrôle des arrivées et des départs et la possibilité de bloquer la porte pour empêcher les pigeons de sortir.
Sous narcose
Dans la capitale fédérale, des pièges sont posés ou proposés aux particuliers et pour distinguer les mâles des femelles, une endoscopie sous narcose est pratiquée. Les pigeons en bonne santé sont vaccinés et les mâles sont stérilisés, tandis que les oiseaux malades sont euthanasiés.
«Stériliser les mâles ne sert à rien: les pigeons des campagnes ont vite fait de remplacer ceux des villes», estime Patrick Sauvain. L’entreprise «Sauvain Désinfection» est déjà sollicitée pour la pose de grilles ou de filins sur les rebords de fenêtres.
Dans de nombreuses villes comme Bienne ou Bâle, il est interdit de nourrir les pigeons. À Zurich, leur population est régulée par la destruction des œufs et l’abattage des oiseaux.
Source : Le Matin
Vincent Donzé