«Au début, nous étions un peu embêtés. Mais depuis que nous avons pris des chats, tout s’est considérablement amélioré», dit cet ancien habitant du centre de la vieille ville dont la terrasse donnait pile dans une ouverture entre des toitures. «Ce n’était pas tant le bruit qui dérangeait, mais les fientes. Les terrasses alentour en étaient régulièrement criblées.» Heureux fut-il de s’être débarrassé des (trop) nombreux pigeons qui peuplent Delémont.
Actuellement, c’est à la ruelle du Cheval-Blanc qu’ils semblent pulluler.
La Ville lutte contre ce fléau depuis longtemps sans parvenir à trouver la bonne solution. Dans quelques jours, la Commission de la vieille ville abordera le sujet et les autorités ont récemment lancé un appel aux Delémontains: ne pas les nourrir et limiter les possibilités de nidification en installant des dispositifs sur les corniches ou des filets sur les ouvertures en toiture. «Il est impossible de supprimer totalement la présence de ces oiseaux, dit tout de suite l’urbaniste communal Hubert Jaquier. Mais stabiliser voire réduire leur nombre, oui.» Il y a deux ans, la Ville avait fait appel au drone d’une entreprise spécialisée pour tenter de repérer les endroits problématiques.
De bons résultats
Quatre zones avaient été analysées: la rue du Marché, la coursive de la cour du château, un bâtiment de la rue de l’Hôpital et la place Roger-Schaffter. «Le château étant propriété de la Ville, on s’en est immédiatement occupé et les résultats sont probants.» Pour les autres endroits, les autorités ont entrepris de réunir les propriétaires pour les sensibiliser. Mais elle reste dépendante de leur bon vouloir. «Les gens ont parfois l’impression que la population de pigeons augmente. Mais c’est souvent faux: ils ne font que se déplacer lorsque l’on s’occupe d’un endroit», glisse au passage Hubert Jaquier. Actuellement, c’est à la ruelle du Cheval-Blanc qu’ils semblent pulluler, tandis que la Ville vient d’agir à la rue de l’Écluse.
Pas d’abattage
N’existe-t-il vraiment aucune autre solution? Si, mais la Ville a renoncé à presque toutes. Il y a le recours à un fauconnier pour les effrayer. «Effet mitigé», estime l’urbaniste. Installer un pigeonnier à l’extérieur pour les y attirer, puis remplacer leurs œufs par de faux? «Très mitigé aussi et coût d’entretien élevé.» Amender les personnes qui les nourrissent? Une ville allemande avait procédé ainsi pour sa gare, se souvient Hubert Jaquier, et les résultats étaient là. «Les pigeons s’étaient simplement déplacés.» Il y a aussi les méthodes plus fortes, mais qui ne sont plus autorisées, comme l’empoisonnement. Les graines contraceptives? Les services concernés de l’État jurassien n’ont pas souvenir d’une telle demande mais, sur le principe, se disent ouverts à en discuter. Reste le tir. Mais la régulation de la population du pigeon domestique n’est pas encadrée par la loi sur la chasse, au contraire du pigeon ramier (et de toute manière, on n’oserait pas s’approcher des habitations avec une arme). Et si l’envie vous prenait de vous y prendre vous-mêmes, c’est aussi interdit. L’abattage est réservé aux personnes compétentes et doit respecter certaines règles très précises.
Très bon dans l’assiette
Dommage. «La viande de pigeon est une de mes viandes préférées», salive Clément Bourgeois, le chef du Restaurant du Soleil à Châtillon (16/ 20 au Gault&Millau). Il s’agit d’une viande rouge, plus forte que celle du poulet, un peu comparable au canard. Cuite sur le coffre, arrosée de beurre et accompagnée de sauce au vin rouge, c’est un régal. Mais il y a ceux qui adorent, et ceux qui n’aiment pas.»
Article paru dans le QJ le 25 septembre 2024
Auteur : Antoine Membrez
©. Cet article est reproduit avec l’autorisation des Editions D+P SA, société éditrice du Quotidien Jurassien.