INVASION «CES CHENILLES NOUS ONT ENVOYÉS À L'HÔPITAL»
Avec leurs poils urticants, les insectes processionnaires sont brûlés au chalumeau par un exterminateur. Mais le mal est fait, à Courrendlin (JU). Reportage.
Rue des Chênes à Courrendlin (JU), l'entreprise de désinfestation Sauvain s'active sur de vieux chênes plantés là bien avant le quartier résidentiel. Sa cible: des chenilles urticantes qui pose un «gros problème», selon Patrick Sauvain.
En bordure du quartier, sept chênes sont envahis par des chenilles processionnaires. «Plusieurs enfants ont été hospitalisés», rapporte Patrick Sauvain. Son intervention a été demandée en urgence par le médecin cantonal.
Tomber les nids
Désinfestateur de tous nuisibles, Patrick Sauvain s'emploie à faire tomber des nids de chenilles processionnaires, ramassés à la pelle et brûlés par sa collaboratrice. Des gestes qui seront répétés tout le week-end, et même jusqu'à lundi, tant l'invasion est importante.
La méthode? «On les descend au chalumeau, on les déverse dans la vasque et une fois brûlés, on les place dans sacs à incinérer», détaille le professionnel.
Signé une pétition
Face au manque de réactivité des autorités, les riverains ont signé une pétition. Un mois de grattage, ça laisse des marques. «Moi ça va, mais mon épouse est couverte de rougeurs», dit un résident. Démonstration faite avec la cheville de Clémentaine Jallon et le torse de son fils Fabien (4 ans).
Au village, un retraité qui promène son chien de sept ans ne craint pas ce qu'il désigne comme une «saloperie»: «Hulk nage 90 minutes par jour, chaque matin: il ne craint ni les tiques, ni les chenilles», dit son propriétaire.
Attention la truffe
Pour les chats comme pour les chiens, les chenilles urticantes sont affreuses: leur présence est inquiétante pour Icepop, le chat tigré qui s'est perdu dans le quartier. Attention la truffe et les bronches!
Il en va à Courrendlin comme à Montignez: les chenilles processionnaires sont partout. «C'est comme ça dangereux, ces chenilles?», demande un facteur au désinfestateur, qui lui répond en dévoilant un poignet rougi.
Faut faire gaffe
«C'est horrible, faut faire gaffe», dit un résident. «Les poils sont tellement minuscules qu'on ne les voit pas», dit une autre. Des enfants qui se sont roulés dans l'herbe ont manqué l'école les deux jours suivants.
«Ces chenilles nous ont envoyés à l'hôpital», martèle une résidente de la rue des Chênes. Les deux enfants conduits à l'hôpital ont souffert d'un rétrécissement des voies respiratoires, après avoir inhalé un air chargé de poils.
«Il y en a partout: c'est le climat?», s'interroge une maman en souffrance depuis un mois. «Comment garder les enfants dedans quand il fait 30 degrés?», demande-t-elle. Au pied d'un immeuble, Clémentine Jallon s'exprime autant qu'elle se gratte, se gratte, se gratte... (Le Matin)
PAR VINCENT DONZÉ
05.07.2019